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premières de toutes, je veux dire l’intelligence et la volonté. Et les richesses morales sont si bien l’origine de toutes les autres, que les choses matérielles ne deviennent des richesses à leur tour que par l’empreinte de l’intelligence qui les façonne, et de la volonté qui les emploie. C’est ce que nous voyons jusque dans nos vieilles industries, dans ces professions encombrées, où un homme venu des champs, en blouse et en sabots, mais avec un esprit droit et une activité persévérante, finit par forcer les avenues de la fortune et par vieillir sous des lambris dorés. Et, d’un autre côté, qui de nous n’a a connu sur les bancs des écoles quelqu’un de ces jeunes gens bien pourvus et bien doués, qu’un vice a perdus, et qui, au bout de dix ans, épuisés d’esprit, de santé et de ressources, ne vivent, plus que de l’aumône secrète de leurs anciens camarades, ou meurent à l’hôpital ? Le droit au travail, inscrit à la première page de la Constitution, empêchera-t-il jamais que, dans plusieurs industries, dans l’imprimerie, par exemple, un certain nombre d’ouvriers nomades errent d’atelier en atelier, ne travaillant chaque semaine qu’autant de jours qu’il le faut pour passer le reste dans le plaisir, sans autre asile pour le chômage que le dépôt de mendicité ? Et d’autres, cependant, attachés aux maisons honorables dont ils soutiennent la prospérité, trouvent dans un labeur assidu, dans des privations méritoires, le moyen de nourrir leurs vieux parents,