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racheriez-vous pas vos matinées aux solliciteurs qui les disputent pour visiter aussi ces quartiers déshérités, pour monter ces escaliers obscurs, pénétrer dans ces chambres nues, voir de vos yeux ce que souffrent vos frères, vous assurer de leurs besoins, laisser à ces pauvres gens le souvenir d’une visite qui honore et console déjà leur malheur, et redescendre enfin pénétrés d’une émotion qui ne supportera plus de délais, qui mettra le feu sur vos lèvres et le frémissement dans l’Assemblée, qui la forcera, s’il le faut, de se déclarer en permanence, et de ne pas se séparer sans avoir vaincu la misère, comme dans la mémorable nuit du 24 juin elle a vaincu la révolte ?

Ne dites pas enfin que l’argent vous manque. Quand il faudrait puiser ailleurs que dans les ressources accoutumées, quand vous n’auriez plus rien à attendre de l’économie et du crédit, attendez tout encore de la générosité de la France. Annoncez-lui hautement les mesures qui la sauveraient, et le déficit qui en retarde l’exécution. Ouvrez une souscription nationale pour les ouvriers sans travail, non-seulement de Paris, mais de toutes les provinces. Mettez-la sous le patronage et sous le contrôle de ce que vous avez de plus grands citoyens, de plus éclairés, de plus respectables. Que vos neuf cents noms aient l’honneur d’y figurer les premiers ; que les évêques siégeant à l’Assemblée invitent leurs collègues et les trente mille curés de France