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de bœuf qui avait mesuré son territoire, et toute la Grèce mettait à côté d’Achille l’artificieux Ulysse. Si maintenant votre guide, plus jaloux de suivre l’ordre de là légende que de ménager vos pas, vous fait descendre de la hauteur solidaire où s’élève l’arc de Fernan sur la place de la cathédrale, il vous montrera au portail du noble édifice une file de têtes sans corps. La tradition veut que cette sinistre décoration rappelle les sept têtes coupées des sept infants de Lara. Ne craignez pas que j’abuse de mes avantages, et pour avoir acheté tout à l’heure l’Histoire véritable des sept infants de Lara, au coin du marché aux herbes, chez une marchande de ballades qu’entourait une nombreuse clientèle de muletiers, ne pensez pas que je menace de vous répéter d’un bout à l’autre ce long récit. Je remarque seulement que la scène s’ouvre, comme celle des Niebelungen, par la querelle de deux femmes au milieu d’une noce : doña Lambra veut être vengée sur l’époux et les sept fils de sa rivale. Déjà, par ses artifices, Gonzalo Bustos de Lara, le loyal chevalier, est tombé aux mains d’Almanzor, roi de Cordoue ; il vit captif, mais dans une captivité honorée à la cour du musulman. Cependant ses sept fils, les sept infants, traîtreusement engagés dans une embuscade, succombent sous le nombre, et leurs têtes coupées arrivent à Cordoue. « A la table d’Almanzor « est assis don Bustos de Lara car il est bien digne a de manger avec les rois, l’illustre seigneur. Et