Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dépouillées par des mains plus rudes. Ne vous effrayez pas quand les mauvais riches, froissés de vos discours, vous traiteront de communistes, comme on traitait saint Bernard de fanatique et d’insensé. Souvenez-vous que vos pères, les prêtres français du onzième et du douzième siècle, ont sauvé l’Europe par les croisades : sauvez-la encore une fois par la croisade de la charité, et, puisque celle-ci ne versera pas de sang, soyez-en les premiers soldats.

Riches,

— Car si votre nombre est diminué, nous connaissons des provinces que la détresse publique n’a fait qu’effleurer, et des fortunes sur lesquelles elle a passé comme un nuage, pendant les premiers mois d’une révolution dont nul ne pouvait marquer les limites, vous fûtes excusables de prévoir l’avenir, de songer à vos enfants, et de réunir l’épargne nécessaire pour les chances de la spoliation et de l’exil. Mais la prévoyance a ses limites, et Celui qui nous a appris à demander le pain de chaque jour ne nous a jamais conseillé de nous assurer dix ans de luxe. Nous vivons dans des jours sans exemple où il peut être sage de sacrifier l’avenir au présent, et l’économie au besoin de la circulation. Rouvrez les sources de ce crédit dont vous accusez l’épuisement. Dépensez, ne vous refusez point vos plaisirs légitimes dans un moment où ils peuvent devenir méritoires. — Faites l’aumône du travail, et