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On a dit aux gens de bien qu’ils avaient sauvé la France, et nous ne trouvons pas qu’on les ait flattés, car les gens de bien sont, à notre avis, la France même, moins les égoïstes et les factieux. C’est l’immense majorité des huit millions d’électeurs qui ont donné au pays son assemblée ; ce sont les huit cent mille gardes nationaux qui se levaient en juin pour la défendre. Mais il ne suffit pas d’avoir sauvé la France une ou plusieurs fois ; un grand pays a besoin d’être sauvé tous les jours. La Providence, qui a résolu de nous tenir en haleine, permet que le péril succède au péril. Vous allez et venez tranquillement d’un bout à l’autre de la ville pacifiée. Mais le danger, que vous vous félicitez de ne plus voir dans les rues, s’est caché dans les greniers des maisons qui les bordent. Vous avez écrasé la révolte : il vous reste un ennemi que vous ne connaissez pas assez, dont vous n’aimez pas qu’on vous entretienne, et dont nous avons résolu de vous parler aujourd’hui : LA MISÈRE.

Vous avez voulu la dissolution des ateliers nationaux, et vous avez raison. Vous vous réjouissez de ne plus voir les jardins publics encombrés de travailleurs jouant au bouchon la paye de leur oisiveté, et les places sillonnées par des bandes d’ouvriers réunis sous un drapeau où l’organisation du travail était inscrite, et qui en portait la ruine dans ses plis. Mais, parce que les jardins et les places sont vides, pensez-vous que les ateliers particuliers