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lait que les hommes retrouvassent l’égalité primitive, qu’ils sortissent des fonts sacrés pour rentrer dans la liberté d’Adam, dans la communauté de l’Éden. Il protestait contre la différence de rangs et de biens introduite par la tyrannie des lois, sommait les riches de rendre les trésors injustement retenus par leurs pères, et les pauvres de refuser le tribut et l’obéissance aux magistrats coupables de perpétuer la servitude du peuple chrétien. Le temps, assurait-il, était venu d’en finir avec un monde maudit, et l’archange saint Michel le suscitait pour fonder avec l’épée de Gédéon le nouveau royaume de Dieu. Ces enseignements et ces prophéties poussaient aux armes les ouvriers de Nuremberg, les laboureurs de la Souabe et de la Thuringe, et, en 1525, les paysans anabaptistes signifièrent à leurs seigneurs un manifeste qui rappelle les plus habiles programmes des réformateurs modernes.

S’ils hésitaient encore à demander sans détour le partage des biens, ils réclamaient la communauté des forêts et des prairies, c’est-à-dire du plus grand nombre des terres sur ces collines boisées, dans ces riches pâturages de l’Allemagne méridionale. Les champs que les paysans tenaient à rente de leurs seigneurs devaient être visités par des experts pour en diminuer le prix de redevance en cas qu’il fut trop haut ; c’était la réduction forcée des loyers. Enfin, ils déclaraient le dessein d’obéir aux magis-