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Nous avons retrouvé dans la société chrétienne tout ce qu’il y a de vérité chez les socialistes. Depuis l’époque des catacombes et à travers ces longs siècles du moyen âge, encore frémissant des passions de la barbarie, nous avons vu le Christianisme, ce gardien sévère de la liberté, de la propriété, de la famille, prêcher cependant l’abnégation, honorer la pauvreté, et faire de la communauté un idéal qu’il s’efforce de réaliser à tous les degrés de la vie religieuse et civile par les institutions monastiques, par l’économie des biens d’Église, et par toutes les sortes d’associations volontaires. C’étaient de grandes leçons, mais périlleuses comme tout ce qui est grand. Assurément elles ne plaisaient pas, elles ne plairont jamais aux mauvais riches, aux superbes, à ceux qui n’ont rien à gagner en ce monde au règne de la fraternité, qui ne peuvent entendre sans se troubler le Vœ divitibus de l’Évangile, ni les menaces de l’Épître de saint Jacques contre les oppresseurs des pauvres. Mais on ne voit pas qu’elles aient satisfait davantage les mauvais pauvres, les charnels et tous ceux qui ne virent jamais dans la doctrine de la résignation qu’un artifice du clergé pour assurer le repos des grands par le silence des peuples. Il n’est pas de siècle où un enseignement si dur à l’impatience humaine n’ait révolté plusieurs esprits, où plusieurs n’aient accusé l’Église de tenir l’Évangile captif, et ne lui en aient arraché les pages afin de leur