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chrétien de confréries. Il ne fallait, pas moins que la tutelle de la religion pour protéger les classes laborieuses contre les prétentions du pouvoir féodal. Le seigneur, maître de la terre, se croyait aussi maître du travail, qui avait besoin de sa protection. Il fallait acheter de lui le métier qui s’exerçait à l’ombre de son château, qu’il couvrait de son épée. De là, entre les deux principes d’autorité et de liberté, une lutte dont on ne peut suivre la trace au moyen âge sans reconnaître la moitié des querelles de nos jours.

Il semble que la liberté inquiétée par les ordonnances des princes se réfugia surtout dans la discipline secrète du compagnonnage. Sans remonter avec les compagnons du devoir jusqu’au temps où le roi David donna lui-même le saint devoir en jetant les fondements du temple de Jérusalem, on peut avouer avec M. Perdiguier que toutes leurs traditions gardent un souvenir de l’Orient, des croisades, et que le temple d’où ils sortent est probablement celui des Templiers. Quoi qu’il en soit, dès le siècle où s’élèvent les cathédrales de Strasbourg et de Cologne, on voit se presser dans les chantiers de ces grands édifices tout un peuple d’architectes, de tailleurs de pierre et de maçons, avec son gouvernement secret, ses lois et ses tribunaux. Le juge de la grande loge maçonnique de Strasbourg ne siège point sans qu’on porte devant lui l’épée nue, signe de haute justice. Il serait trop long de poursuivre