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régies par un seul, qui se nomme maître de la communauté, élu à cette charge par les autres, lequel commande à tous les autres, va aux affaires qui se présentent ès ville, ès foires et ailleurs, et a pouvoir d’obliger ses parsonniers… En ces communautés, on fait compte des enfants qui ne savent encore rien faire par l’espérance qu’on a qu’à l’avenir ils feront. On fait compte de ceux qui sont en vigueur d’âge pour ce qu’ils font. On fait compte des vieux, et pour le conseil et pour la souvenance de ce qu’ils ont bien fait. Et ainsi, de tous les âges et de toutes les façons, ils s’entretiennent comme un corps politique qui, par subrogation, doit durer toujours. » Si cette coutume avait la dignité des mœurs patriarcales, elle en conservait aussi la liberté. Comme Loth se sépara d’Abraham et Jacob d’Esaü, ainsi les membres de la communauté, las de participer au même pain et au même sel, restaient maîtres de rompre l’union : en signe de séparation, le chef de la maison, prenant le pain des repas communs, le partageait en autant de chanteaux qu’il se formait de nouvelles familles.

Au moyen âge comme au jour où nous sommes, la question de la propriété ne se sépare pas de celle du travail. Les communautés de serfs nous ont fait voir l’organisation du travail des champs ; il reste à considérer celui des métiers, et la condition de ces populations industrielles, qu’il ne faut pas représenter,