Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

champ de bataille n’était pas moins inviolable sous les créneaux de son donjon que le vieux Romain dans l’enceinte de son champ sous la garde du dieu Terme. Ainsi la solidarité politique était garantie, mais la dignité personnelle ne périssait pas.

Le tiers-état donnait le même spectacle que la noblesse. Quoi de plus fort que l’esprit de propriété dans ces villes dont les bourgeois n’hésitaient pas à braver toutes les lances des seigneurs voisins pour défendre la liberté de leurs marchés et la franchise de leurs pignons sur rue ? Mais c’est précisément dans ces combats que le principe de communauté fait son avènement, qu’il prête son nom, le nom de communes, aux cités libres. Ces corporations de bourgeois, reconnues par la féodalité qu’elles ont vaincue, par la royauté qui s’appuie de leur alliance, ne se croient assurées qu’autant qu’elles jettent des racines dans le sol. Le premier signe de la puissance des villes, c’est qu’elles achètent, qu’elles plantent, qu’elles bâtissent, qu’elles ont des possessions communales. Les plus ambitieuses républiques d’Italie, Pise, Gênes, Venise, font gloire de posséder une église, un pont, une rue nommée de leur nom, dans les ports du Levant. Ces marchands italiens étaient assurément les moins désintéressés des hommes et les plus jaloux de posséder en propre ; mais ils connaissaient le pouvoir de l’association, et voilà pourquoi rien ne leur coû-