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sent la laine pendant que les Humiliés de Milan s’appliquent au travail de la soie, et que les frères Pontifes construisent les ponts et les routes de la Provence et de l’Italie. La pauvreté reste toujours la première loi de ces corporations laborieuses ; mais la pauvreté volontaire, la pauvreté humble, la pauvreté qui ne hait point les riches. Et saint François, cet amant passionné de la pauvreté, qui s’en déclare l’époux, qui s’épuise d’amour pour la faire aimer et honorer de ses disciples, termine ses instructions par ces mots, où est résumée toute l’économie sociale du Christianisme au moyen âge : « Que tes frères ne s’approprient rien, ni maison, ni domaine, ni autre chose… et qu’ils n’aient point de honte, puisque le Seigneur en ce monde s’est fait pauvre pour nous. Cependant je les avertis de ne pas mépriser, de ne pas juger ceux qu’ils verront vêtus de somptueux vêtements et nourris d’aliments délicats. Mais que chacun se méprise et se juge soi-même[1]. »

En étudiant l’organisation de la propriété et du travail au moyen âge, nous avons dû commencer par l’Église, parce que, maîtresse d’elle-même et dégagée par la loi du célibat des conditions les plus compliquées de la vie humaine, elle avait réalisé plus complétement l’idéal du Christianisme. Mais la hiérarchie ecclésiastique pénétrait de toute part

  1. Regula et vita fratrum minorum, art. 2 et 5