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pris ses mesures pour que l’image s’en conservât dans les monastères.

Déjà saint Jean Chrysostome (Hom. 73) décrivait avec admiration ces cénobites « qui ne connaissaient plus le mien et le tien, deux mots coupables de tant de guerres ; qui avaient tous la même discipline, la même table, le même vêtement, sans pauvres, sans riches, sans honte et sans gloire. » Mais c’est plus tard et dans la règle de Saint-Benoît qu’on doit chercher le code le plus achevé de la vie commune. Il avait fallu cinq siècles chrétiens, le long apprentissage des anachorètes de la Thébaïde, des moines de la Palestine, il avait fallu tous les efforts de la sainteté et du génie réunis pour arriver enfin à pouvoir rassembler sans péril, sous un même toit, des hommes déjà chrétiens, déjà résolus à tous les genres d’austérité et d’humiliations. Tant la nature humaine a horreur de la dépendance, première condition de toute communauté !

La règle de Saint-Benoît veut donc qu’on retranche des monastères « ce vice capital, qu’un religieux ose avoir en propre quoi que ce soit, même un livre ou des tablettes : et que tout, poursuit-elle, soit commun à tous, en sorte qu’il n’y ait point acception de personnes, mais considération des besoins. Que celui donc qui a moins de besoins rende grâce à Dieu, et ne ressente pas de jalousie ; et que celui qui a plus de besoins s’humilie de sa faiblesse. » À la communauté des biens s’ajoute celle du travail :