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institution non-seulement permise, mais nécessaire ; et ils en donnent trois motifs : « Premièrement, que chacun porte plus d’activité à produire quand il produit pour lui seul : secondement, qu’il y a plus d’ordre dans les affaires humaines quand chaque personne a le soin exclusif d’une chose ; enfin, qu’il y a plus de paix dans le partage que dans l’indivision, comme on le voit par les éternels procès de ceux qui possèdent par indivis. » En se décidant par des considérations si judicieuses, saint Thomas ne renonce point aux hardies maximes des Pères, il n’hésite pas à reproduire ces paroles de saint Basile et de saint Ambroise : « Le pain que vous gardez, c’est celui des affamés ; le vêtement que vous enfermez, c’est celui de l’indigent qui reste nu ; la chaussure qui pourrit chez vous est celle du misérable qui marche déchaussé ; et c’est l’argent du pauvre que vous enfouissez en terre. » Les socialistes ont connu ces textes, ils en ont abusé. Mais saint Thomas les explique en les complétant par d’autres paroles de saint Basile qu’il ne fallait pas détacher des précédentes : « Pourquoi donc avez-vous en abondance pendant que celui-ci mendie, si ce n’est afin que vous ayez le mérite du bon emploi, et lui la couronne de la patience ? » Et il conclut que de droit naturel le superflu des riches est dû aux nécessités des pauvres : mais, parce qu’il y a beaucoup de nécessités, et que le bien d’un seul ne peut suffire à toutes, l’éco-