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romaines, la première condition qu’ils imposent est le partage des terres. Voilà les hommes auxquels l’Église avait à enseigner le respect du bien d’autrui et la charité chrétienne.

Elle commença par faire répéter à leurs enfants ce septième commandement du Décalogue, dont elle ne s’est jamais départie : Non furaberis. Elle le mit sous la sanction de la pénitence ecclésiastique. On lit dans un formulaire du neuvième siècle destiné à la confession des néophytes barbares : « As-tu fait quelque vol avec effraction ou violence ? As-tu brûlé la maison ou la grange d’autrui ? » Tandis que la théologie faisait gronder ainsi les menaces divines sur les violents qui attentaient à la propriété, elle avait des arguments pour la défendre contre les sophistes. Il faut voir avec quelle témérité et quelle passion les écoles du moyen âge soulevèrent ces controverses que nous croyons nouvelles. Ouvrez la Somme de saint Thomas, et vous y trouverez cette question formidable : « S’il est permis de posséder en propre ? » Toute l’argumentation du communisme y est résumée, elle s’appuie de cette opinion de Cicéron, que la propriété n’est pas de droit naturel ; elle se fortifie de tout ce que les Pères de l’Église ont écrit sur le droit des pauvres au superflu des riches. Mais saint Thomas et toute l’École avec lui répondent que, si la propriété n’est pas l’œuvre de la nature, il y faut reconnaître une conquête légitime de la raison, une