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III
LA VILLE DES HÉROS.


Burgos, le 18 novembre 1852

Le premier abord de Burgos n’a rien d’héroïque. On y entre par le faubourg qui suit. la rive gauche de l’Arlanzon, en tout semblable à nos faubourgs, bordé d’auberges et d’entrepôts, et qui n’a d’espagnol que les clochers des églises et les galeries suspendues au dernier étage de quelques maisons. Un pont de pierre, fortement assis sur le lit capricieux de la rivière, conduit à la rive droite. Là se déploie la cité de Burgos, avec tous les dehors d’un chef lieu de province de second ordre un large quai (espolon) orné d’arbres maigres et’de statues médiocres plus loin, la plaça mayor, entourée de portiques, où ne cessent d’errer des groupes de Castillans jeunes et vieux, aussi fièrement enfoncés dans leur oisiveté que dans leur manteau. Derrière la place, se prolonge la rue de la Colombe (calle de la Paloma), nom poétique et trompeur du quartier mercantile, où toute empreinte nationale s’efface sous les progrès de la civilisation européenne. Ici les maisons ont des portes, des vitres presque entières, et jusqu’à des cheminées. Mais, si vous conservez une âme chimérique, si vous êtes épris de