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par un pouvoir supérieur qui juge souverainement de leur capacité et de leurs œuvres, l’organisation du travail sous une discipline qui ne laisse place ni à la concurrence, ni à la misère, ni à tous les désordres de la liberté personnelle. C’était la condition de tout l’Orient, avec cette conséquence qu’en détruisant la liberté des personnes on supprimait la propriété qui en est l’ouvrage, et en même temps le rempart. La législation de l’Inde attribuait le sol aux prêtres ; celle de la Perse le donnait au roi ; sous des noms différents, c’était l’État qui possédait : les sujets ne détenaient qu’à titre précaire. Les mêmes principes avaient revêtu d’autres formes dans les premières institutions de la Grèce, chez les peuples Doriens, plus fidèles aux traditions orientales. De là cette distinction de quatre classes d’hommes chez les Spartiates, le partage égal des terres et leur inaliénabilité, l’éducation des enfants arrachée à la famille, les repas en commun, et toute cette discipline qui faisait de Lacédémone un phalanstère guerrier.

Il ne fallait pas moins que de tels exemples pour tromper le génie de Platon, lorsqu’il construisait sa République idéale, l’un des plus remarquables monuments de la puissance et de l’insuffisance de l’esprit humain. On a beaucoup cité La République de Platon, on ne sait pas assez tout ce qu’il y a d’erreurs modernes dans ce beau livre. Platon commence, comme les anciens législateurs, par l’éta-