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reurs. Cette confusion lui prête un semblant de nouveauté qui étonne les esprits faibles : on aura écarté tout le péril de ses enseignements, quand on y aura montré, d’une part, des vérités antiques qui n’avaient pas attendu, pour se produire, le soleil du dix-neuvième siècle, et d’autre part, des erreurs séculaires plusieurs fois jugées par la conscience des hommes et condamnées par l’expérience des peuples. Il est temps d’en faire le partage et de reprendre notre bien, je veux dire ces vieilles et populaires idées de justice, de charité, de fraternité. Il est temps de montrer qu’on peut plaider la cause des prolétaires, se vouer au soulagement des classes souffrantes, poursuivre l’abolition du paupérisme, sans se rendre solidaire des prédications qui ont déchaîné la tempête de Juin, et qui suspendent encore sur nous de si sombres nuages.


Le socialisme se propose comme un progrès, et jamais peut-être on ne tenta un plus hardi retour au passé le plus reculé. Jamais, en effet, les doctrines socialistes n’ont été plus près de leur avènement que chez les nations théocratiques de l’antiquité. Quand la loi indienne fait sortir du dieu Brahma la société toute constituée, de sa tête les prêtres, les guerriers de ses bras, de ses cuisses les agriculteurs, et de ses pieds les esclaves, elle fait tout ce que rêvent plusieurs modernes. Elle fait l’apothéose de l’État, la classification des hommes