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la réforme s’était faite et devait se maintenir. Voilà pourquoi les lois anglaises rendent la procédure du divorce tellement coûteuse, qu’elles en réservent la prérogative à ce petit nombre de familles maîtresses du sol et des destinées de la Grande-Bretagne. Pour en venir à la Révolution française, le divorce était si peu dans son génie, que parmi tant de cahiers présentés aux états généraux, un seul en exprimait le vœu, et c’était le cahier du duc d’Orléans, c’est-à-dire du plus fidèle représentant des traditions de la Régence. La loi de 1792 fut l’œuvre non de la démocratie, mais de celle philosophie matérialiste du dix-huitième siècle, nourrie dans les petits soupers des favorites, et qui avait appris le mépris du mariage au pied de l’alcôve de Louis XV.

Aujourd’hui, qui demande l’abrogation de la loi de 1816 ? Une école de jurisconsultes voués à une admiration superstitieuse du Code civil, et inconsolables d’en avoir. vu déchirer une page. Je ne parle pas de ceux pour qui le divorce ne serait, comme on l’a dit, qu’un nid à procès, ou tout au moins une occasion de s’ingérer dans les plus secrets mystères des familles, et d’y étendre une influence qu’apparemment on n’a pas voulu ôter aux prêtres pour la donner aux gens de loi. Qui encore ? Des écrivains de romans qui, après avoir versé les larmes dorées de leurs feuilletons sur le malheur des femmes incomprises , après avoir