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adultère : elle a éprouvé ce qu’il en coûte a une société imprévoyante de n’avoir pas su faire une garde assez jalouse autour du sanctuaire de la famille. Les czars de Russie, les hospodars des principautés du Danube, ont disposé de la durée du mariage, trafiqué des femmes et des filles de leurs sujets, et réduit l’aristocratie schismatique a une dégradation de mœurs qui fait la force de ses maîtres. En ce qui touche la Pologne, il n’est pas vrai que l’Eglise y ait jamais toléré le divorce. Sans doute le mauvais exemple des peuples voisins avait altéré dans la noblesse polonaise la discipline du mariage ; mais, au lieu de la rupture de l’union conjugale que les tribunaux ecclésiastiques n’ont jamais prononcée, on en plaidait la nullité, on la prouvait par des empêchements dirimants ménagés d’avance et, par une procédure abusive que les papes ont sévèrement condamnée, on sauvait le principe en satisfaisant les passions. Mais le ciel ne bénit pas ces faiblesses publiques d’un grand peuple, et la Pologne a trop cruellement expié, selon la parole de Pie IX, ces trois scandales du mariage profané, du servage perpétué et de l’oppression des Grecs-Unis.

Il fallait ce retour sur le passé pour s’assurer si la loi de l’indissolubilité du mariage fut l’œuvre d’une politique de quelques siècles, resserrée dans les bornes de la France, de l’Italie et de l’Espagne, c’est-à-dire dans un coin de l’univers si le divorce