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une loi injuste qui rend esclave ce que la nature a rendu libre, et qui fait de la chair une propriété personnelle. Par là même il rend impossible la communauté des biens et par conséquent le bonheur, puisqu’il est évident que la communauté des biens ne supporte aucune sorte de propriété. »

Ces maximes ont de quoi soulever la conscience : le raisonnement ne peut rien contre la rigueur de leur enchaînement. Il faut proclamer le règne du matérialisme, quand on fait profession de réhabiliter tous les appétits, de supprimer la souffrance comme un abus des sociétés décrépites, et l’abnégation comme une doctrine introduite par les prêtres pour tenir les peuples dans l’obéissance. Il faut détruire la famille pour exterminer la propriété, dont la famille est l’éternelle racine : vainement décréterez-vous l’égalité des fortunes, tant que subsistera l’inégalité des charges que la paternité impose, et que les pères n’auront pas étouffé dans leur cœur le besoin de pourvoir après eux à la destinée de leurs enfants. Il faut surtout frapper le mariage pour en finir avec un ordre social dont il est le nœud ; et la loi du divorce est le premier acte de la politique régénératrice qui inaugurera la communauté des femmes pour assurer la communauté des biens.