Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Montesquieu professe que la vertu est le fondement nécessaire des républiques. Mais la famille est l’école même du sacrifice : c’est au chevet du lit de sa femme, au berceau de son enfant, que l’homme apprend à se priver, à se contraindre, à se dévouer, qu’il apprend à vivre pour autrui, non pas conditionnellement, non pour un temps, mais à perpétuité, c’est-à-dire qu’il apprend tous les devoirs de la vie civile. Voilà pourquoi, dans ce besoin.de réforme qui tourmente la société moderne, elle cherche à se rapprocher de la famille, à se modeler sur elle, à lui emprunter la fraternité qu’elle inscrit dans ses lois. Assurément le moment serait mal choisi pour affaiblir cette sainte discipline de la vie domestique, pour en relâcher les nœuds, quand tout le travail du siècle est de resserrer les liens de chaque nation en faisant disparaître les inégalités qui divisaient les citoyens, et d’unir plus étroitement toute la race humaine, par les décrets qui-abolissent l’esclavage et par les traités qui consacrent la solidarité des peuples.

Ainsi nous repoussons le divorce comme profanant le mariage, où il introduit la polygamie successive, et, ce qui est pire encore, la polygamie de la femme, que les législations les plus relâchées n’ont jamais connue. Nous le repoussons comme exerçant sur la famille un pouvoir qui n’appartient qu’à la mort, comme violant les droits des enfants dont il fait des orphelins, et des orphelins qui n’ont