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par ce côté… Tertullien, pour s’être laissé entraîner à l’impétuosité africaine de son génie, poursuivit d’une même animosité les faux dieux et les faibles chrétiens qui leur sacrifiaient ; il refusa de les recevoir à la réconciliation promise au repentir ; il ne pardonna point à l’Église de leur avoir pardonné, et finit par apostasier en haine des apostats. Dans les querelles de l’arianisme, les invectives de Lucifer de Cagliari éclatèrent comme la foudre. Il demeura inflexible au scandale du concile de Rimini ; mais, quand les évêques pénitents rentrèrent dans la communion de Rome, il en sortit afin de ne pas s’y trouver avec eux. Qu’avons nous besoin de ces lointains exemples ? Une grande chute nous a fait assez voir que les colonnes mêmes de la controverse peuvent tomber quand elles ne sont point assises sur la charité. Que si l’on objecte l’autorité de saint Jérôme et de saint Hilaire, et leurs paroles toutes frémissantes d’une indignation religieuse, ce sont là d’illustres exceptions, comparables à ces martyrs qui brisèrent les statues ou arrachèrent les édits. L’Église les honore, mais sans cesser de rappeler la loi qui interdit de provoquer la colère.

La dispute a d’autres dangers pour ceux qu’elle cherche à convaincre. Assurément quand les chrétiens s’engagent au laborieux service de la polémique, c’est avec la volonté droite de servir Dieu et de gagner les hommes. Il ne faut point compro-