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sages du paganisme, sans approcher de la pureté de la foi, semblent en être comme un pressentiment lointain. La philosophie fut donnée aux Gentils ainsi que la loi aux Hébreux, pour leur servir de pédagogue et de guide. Tout ce qui a été dit de bon et de juste appartient d’avance au Christianisme. C’est ainsi que l’Église accueillait la sagesse antique, en la discutant. L’Église ne fut point ombrageuse : elle fut, elle est toujours hospitalière. Au moyen âge, Aristote et Platon, dépouillés de leurs erreurs théologiques, sont introduits dans l’école sous le manteau de saint Thomas et de saint Bonaventure. Plus tard, au milieu des ardentes polémiques du Protestantisme, cet esprit de conciliation reparaît dans la plus glorieuse défense qui fut faite de la vérité : l’Histoire des variations. Je veux parler surtout de cette belle et charitable préface où Bossuet plaint ses adversaires encore plus qu’il ne les blâme, et montre en finissant que « cet ouvrage, qui pourrait paraître d’abord contentieux, se trouvera dans le fond beaucoup plus tourné à la paix qu’à la dispute. »

Si l’on a pris soin de fixer et de maintenir ces règles de la discussion chrétienne, c’est qu’il n’est pas permis de s’en écarter impunément. Dans l’emportement du combat, il y a plus de péril qu’on ne pense. Il est facile d’y offenser Dieu. Les instincts violents de la nature humaine, réprimés par le Christianisme, s’échappent et reviennent