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les temps les plus modernes, c’est Bossuet se levant à deux heures du matin pour reprendre un ouvrage à peine interrompu, c’est d’Aguesseau professant que le changement de travail était pour l’esprit une récréation suffisante ; ce sont tous ces magistrats du dix-septième siècle, allant dès six heures du matin s’asseoir sur les fleurs-de-lis, donnant tout le jour aux fonctions publiques, le soir à l’éducation de leurs enfants, partageant la nuit entre l’étude et la prière… Aujourd’hui nous ne travaillons pas… Sept ou huit heures par jour données à la science alarment pour nos misérables santés la sollicitude de nos amis. Sachons-le pourtant, il ne faut pas se croire dispensé par la foi de la fatigue et des veilles. Le travail, châtiment de la déchéance, est devenu la loi de la régénération. C’est lui qui fait les époques glorieuses quand il y trouve l’inspiration, et, quand elle n’y est pas, c’est encore lui qui fait les hommes utiles et les peuples estimables.

Après avoir reconnu la vérité, après l’avoir produite au dehors, il faut savoir la défendre : c’est le devoir de la controverse. La controverse religieuse est inévitable ; elle se rencontre à tous les points élevés des sciences profanes. Elle n’a rien d’odieux si elle se souvient de son origine. La foi a voulu se communiquer sans nuire à la liberté de l’homme : elle n’a pas refusé la discussion, afin d’honorer de la sorte la soumission volontaire des esprits. Il y a