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Pour que l’homme subjugue la terre, il faut qu’il la connaisse. S’il était jeté seul et ignorant au milieu de la création, il lui arriverait de deux choses l’une ou bien le spectacle des forces de la nature le frapperait de terreur, il n’oserait y résister, il demeurerait plongé dans une inaction stupide et périrait de faiblesse ; ou bien l’instinct de sa conservation l’emporterait, il jetterait sur la nature un regard de dévorante cupidité, il se précipiterait sur elle comme sur une proie, et il périrait encore, soit dans la violence des luttes inégales qu’il voudrait livrer, soit dans l’enivrement des voluptés qu’il aurait conquises. Il lui faut donc un enseignement qui lui fasse connaître que la terre lui a été donnée, non pour la ravager, mais pour la rendre féconde qu’il en doit être le monarque paisible et non l’esclave ou le tyran ; et qu’il doit respecter en elle l’oeuvre et le présent de Dieu. Cet enseignement est celui de la foi.

L’homme ne peut accepter la loi rigoureuse et humiliante du travail qu’en vue d’une fin. S’il n’a d’autre fin que son bien-être, il travaillera peu et mal peu, parce qu’il ne versera de sueurs que juste autant qu’il sera nécessaire pour l’entretien de ses jouissances ; mal, parce que dans l’impatience de ses désirs il emploiera des procédés d’exploitation destructeurs ; il cassera la branche pour cueillir les fruits. La charité, au contraire, lui fait accepter le travail avec joie, comme un fardeau