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vivacité de leur génie et toute la délicatesse de leur goût. Florence n’épargnait rien pour fêter royalement son patron saint Jean-Baptiste. Des compagnies de mille personnes, toutes vêtues de blanc, parcouraient les rues avec des trompettes, et sous la conduite d’un chef qu’on appelait le Seigneur d’amour. Dames et chevaliers formaient des cercles joyeux autour des jongleurs, dont on écoutait les récits et les chants. On apprenait d’eux les règles du gai savoir, on s’exerçait à discuter des questions de galanterie, à rendre des arrêts d’amour, à exécuter des représentations allégoriques où ne manquait point de figurer le petit dieu malin avec son arc et ses flèches. Plus tard, Rome elle-même, la vieille ville papale, sortait de son calme et de son recueillement pour célébrer le passage de Charles d’Anjou et de Conradin par des jeux. équestres, par des marches triomphales, entremêlées de groupes de chevaliers en armes et de chœurs de femmes qui dansaient en s’accompagnant avec des chants, des flûtes et des tambourins[1] Ainsi la musique, le

  1. Muratori, dissert. 20. Rolandinus, ab ann. 1208, ad ann. 1214 «Factum est enim ludicrum quoddam castrum, in quo posito sunt domina : cum virginibus sive domicellabus eb servitricibus earumdem, quae sine alicujus viri auxilio castrum prudentissime defenderunt. Expugnatum fuit hujusmodi telis et instrumentis pomis, dactylis et muscatis, tortellis, pyris et cotanis, rosis, liliis et violis, similiter et ampullis balsami. » ’Ricordano Matispini, cap. CCXIX G. Villani, lib. VII, cap. LXXXIX « Una compagnia o brigata di mille uomini o più, tutti vestiti di robe bianche, con un signore detto d’Amore. » Francesco da Barberino, del Reggimento e costume delle donne, parte V, parte XIX.