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prend plus le langage, de tant de complaisance pour des traditions qui ne sont pas de foi. Aussi je ne propose rien à la foi des lecteurs si je ne fais pas un livre de science, je n’écris pas non plus un livre de religion. Je ne confonds point ces chants, ces traditions, avec le dogme infaillible, pas plus que je ne confonds les gouttes de la rosée avec les feux de l’aurore qu’elles accompagnent. Je les recueille comme les émanations d’une terre fécondée par le christianisme. Si je ne puis toucher sans émotion à cette poésie des vieux âges, c’est que j’ai vécu tout un jour le contemporain des événements et des hommes qui l’inspirèrent. J’ai passé un jour trop court pour moi dans la vieille cité d’Assise. J’y ai trouvé la mémoire du saint aussi présente que s’il venait de mourir hier, et de laisser à sa patrie la bénédiction qu’on lit encore sur la porte de la ville. On m’a montré le lieu de sa naissance, et la chapelle où son cœur disputé se rendit à Dieu. On m’a fait voir le buisson d’épines qui se couvrit de roses quand François s’y précipita dans l’ardeur de sa pénitence. J’y ai reconnu l’image de cette langue italienne encore tout inculte et