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qu’on va lire, et qui semble écrit dans le feu des ravissements divins.[1]

« L’amour m’a mis dans la fournaise, l’amour m’a mis dans la fournaise ; il m’a mis dans une fournaise d’amour.

« Mon nouvel époux, l’amoureux Agneau, m’a remis l’anneau nuptial puis, m’ayant jeté en prison, il m’a frappé d’une lame, il m’a fendu tout le cœur.

« Il m’a fendu le cœur, et mon corps est tombé à terre. Ces flèches que décoche l’arbalète de l’amour m’ont frappé en m’embrasant. De la paix il a fait la guerre : je me meurs de douceur.

«Je me meurs de douceur. Ne vous en étonnez pas. Ces coups me sont portés par une lance amoureuse. Le fer est long et large de cent brasses, sachez-le : il m’a traversé de part en part.

« Puis les traits pleuvaient si serrés, que j’en étais tout agonisant. Alors je pris un bouclier mais les coups se pressèrent si bien, qu’il ne me protégea plus ; ils me brisèrent tout le corps, si fort était le bras qui les dardait.

« Il les-dardait si fortement, que je désespérai de les parer ; et pour échapper à la mort je criai de toute ma force « Tu forfais aux lois du champ

  1. Saint Bernardin, Opera, t. IV, sermon 4. Cf. Bolland, t. II, oct.~ p. 1003.