qu’il rapporta lui-même et ce qu’affirmèrent ses compagnons, les oiseaux, se redressant à leur manière, commencèrent à battre des ailes. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait et venait, et les effleurait du bord de sa robe. Enfin il les bénit, et, faisant sur eux le signe de la croix, il leur permit de s’envoler. Après quoi le bienheureux Père s’en alla avec ses disciples, pénètre de consolation. Mais, comme il était parfaitement simple, par l’effet, non de la nature mais de la grâce, il commença à s’accuser de négligence pour n’avoir pas prêché aux oiseaux jusqu’à ce jour, puisqu’ils écoutaient la parole de Dieu avec tant de respect[1].
Il ne faut pas trop mépriser ce qu’on peut trouver de puéril dans cette amitié de saint François pour les agneaux et les colombes on y reconnaît la même passion qui le portait vers tout ce qui était pauvre, faible et petit. D’ailleurs cet excès d’amour avait son utilité, dans un pays où l’on ne sut pas assez aimer, dans cette Italie du moyen âge qui pécha, qui se perdit par l’excès, par l’opiniâtreté des haines, par la guerre de tous contre tous. Rien n’était d’un plus grand exemple que cette horreur de la destruction, poussée jusqu’à écarter les vers du
- ↑ Saint Bonaventure, VII, VIII, IX, XII ix, xn ; Thomas de Celano, VII : « Cum esset autem simplex gratia, non natura, cœpit se negligentiae incusare, quod olim non praedicaverit avibus, postquam audierunt tanta reverentia verbum Dei. » Cf. Vita sancti Galli, Vita sancti Columbani, auctore Jona Bobbiensi, apud Pertz, Monumenta Germaniae historica, tom. II.