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l’industrie des abeilles ; et lui, qui manquait de, tout, leur faisait donner en hiver du miel et du vin, afin qu’elles ne périssent pas de froid. Il proposait pour modèle à ses disciples la diligence des alouettes, l’innocence des tourterelles. Mais rien n’égalait sa tendresse pour les agneaux, qui lui rappelaient l’humilité du Sauveur et, sa mansuétude. La légende rapporte que, voyageant en compagnie d’un Frère dans la Marche d’Ancône, il rencontra un homme qui portait sur son épaule, suspendus à une corde, deux petits agneaux. Et comme le bienheureux François entendit leurs bêlements, ses entrailles furent émues ; et, s’approchant, il dit à l’homme : « Pourquoi tourmentes-tu mes frères les agneaux en les portant ainsi liés et suspendus ? M L’autre répondit qu’étant pressé d’argent, il les portait au marché voisin pour les vendre aux bouchers, qui les tueraient. « A Dieu ne plaise ! s’écria le saint ; mais prends plutôt le manteau que je porte, et fais-moi présent de ces agneaux. » L’autre, ne demandant pas mieux, les donna, et prit en retour le manteau,qui était d’un bien plus grand prix, et qu’un chrétien fidèle avait prêté au saint le matin même, à cause du froid. Or François tenait les agneaux dans ses bras ne sachant qu’en faire et, après en avoir délibéré avec son compagnon, il les rendit à leur premier maître, lui faisant une obligation de ne jamais les vendre et de ne leur causer aucun mal ; mais de les conserver, de les