vouement qui exalte toutes les facultés, dans un commerce familier avec la création, qui a des charmes plus vifs pour les simples et les petits. Il errait, il mendiait, il mangeait le pain d’autrui, comme Homère, comme Dante, comme le Tasse et Camoëns, comme tous ces pauvres glorieux à qui Dieu n’a donné ni toit ni repos dans ce monde, et qu’il a voulu garder à son service, errants et voyageurs, pour visiter les peuples, les délasser, et souvent les instruire[1]
Le dernier trait de ressemblance, et pour ainsi dire de parenté, entre saint François et ces grands esprits, c’était sa passion pour la nature. L’amour de la nature est le lien commun de toutes les poésies. Il n’y a pas de troubadour qui ne célèbre de son mieux le joli mois de mai, le retour des fleurs, les doux concerts des oiseaux, et le murmure des ruisseaux dans les bois. Mais à voir revenir les mêmes images dans le même ordre et les mêmes termes, on reconnaît trop souvent qu’il s’agit moins d’exprimer un sentiment que de satisfaire une convenance littéraire. C’est qu’il n’est pas si commun, si facile qu’on le pense d’aimer la nature, c’est-à dire de sortir de soi, de considérer le monde extérieur avec désintéressement et respect, d’y chercher non des plaisirs, mais des leçons. Aussi le christianisme, si souvent accusé de fouler aux pieds la na--
- ↑ Saint Bonaventure,VII, VIII.