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extraordinaire ; il faut discuter l’authenticité des compositions qu’on lui attribue, en retrouver la place entre ses extases, où il ravissait le feu du ciel, et ses prédications, où il le communiquait aux hommes. Le génie du saint fondateur passe aux premiers disciples qui lui succèdent : saint Bonaventure, qui porte le souffle lyrique sous la robe de l’école ; frère Pacifique, qu’on appelait le roi des vers ; Jacomino de Vérone, auteur de deux poëmes longtemps oubliés, auxquels Dante n’a peut-être pas dédaigné de prendre quelques traits de son Enfer et de son Paradis. Enfin vient le plus grand de ces poëtes ; le bienheureux Jacopone de Todi, méprisé comme un insensé, puni comme un malfaiteur, et, du fond de sa prison, foudroyant de ses satires les désordres du clergé et du peuple. En même temps, il ne craint pas de traiter en vers les points les plus difficiles de la théologie chrétienne ; et, arrivé aux dernières profondeurs du mysticisme, il a déjà l’accent de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix. À mesure qu’on descend ainsi le premier siècle de l’ordre de Saint-François, comment ne pas s’arrêter devant les monuments