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table de toutes, » et la gardienne des traditions chevaleresques qui polissaient la rudesse du moyen âge. Il avait un secret penchant pour, ce pays de France, auquel il devait son nom il en aimait la langue ; bien qu’il s’y exprimât avec difficulté, il la parlait avec ses frères. Il faisait retentir, de cantiques français les forêts voisines on le voit, dans les premiers temps de sa pénitence, mendiant en français sur l’escalier de Saint-Pierre de Rome, ou, tandis qu’il travaillait à la reconstruction de l’église de Saint-Damien, s’adressant en français aux habitants et aux passants, pour les inviter à relever la maison de Dieu. S’il empruntait l’idiome de nos pères, s’il se nourrissait de leur poésie, il y trouvait des sentiments de courtoisie, de générosité, qui passaient dans son cœur et dans sa conduite. Il était l’âme de ces compagnies joyeuses qui se formaient alors, sous le nom de corti, dans la cité d’Assise comme dans toute l’Italie, et qui popularisaient le gai-savoir, les habitudes romanesques, les plaisirs délicats des Provençaux. Souvent ses compagnons, émerveillés de sa bonne mine et de la noblesse de ses manières, le choisirent pour leur chef, et, comme ils disaient, pour le seigneur de leurs banquets. En le voyant passer richement vêtu, le bâton de commandement à la main, au milieu de ses amis qui parcouraient les rues chaque soir avec des flambeaux, et des chansons, la foule l’ad-