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communications littéraires se faisaient mieux sentir dans les villes lombardes, qui avaient soutenu le principal effort de la guerre et recueilli les premiers fruits de là paix. Cependant les cités de l’Ombrie n’avaient pas été les dernières à se rallier sous le drapeau de la papauté et de la liberté. Elles se hâtaient d’user de la victoire en faisant acte de souveraineté, en se fermant de murs, en levant des troupes. Assise avait ses chevaliers, ses milices, qu’elle envoyait guerroyer contre. Pérouse. Elle avait aussi ses marchands, qui trafiquaient au delà des Alpes, qui en rapportaient de gros bénéfices et quelques lumières. C’est ainsi qu’un vendeur de draps appelé Pierre Bernardone, ayant visité la France en 1182, et trouvant à son retour que sa femme lui avait donné un fils, le nomma François, en mémoire du beau pays où il venait de s’enrichir. L’obscur marchand était loin de penser que ce nom, de son invention, serait invoqué par l’Église et porté par des rois[1].

Le jeune François, confié de bonne heure aux prêtres de l’église de Saint-Georges, avait reçu d’eux les premiers éléments des sciences humaines. On l’a trop souvent représenté, tel qu’il se dépeignait lui-même, comme un homme sans culture et

  1. Vita tribus sociis, cap.I, 4 : « Quodam tempore, guerra inter Perusium et Assisium exeunte, captus est Franciscus cum multis suis concivibus ». Ibid. II : « Johannes prius vocatus est a matro a patre vero tunc redeunte a Francia, in cujus absentia natus erat, Franciscus postmodum nominatus ».