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les enchaînant, en y mettant l’ordre, en les forçant de se produire par les œuvres. Je crois voir l’originalité souveraine dans cette force d’un grand esprit qui soumet ses idées, les fait obéir, et en obtient tout ce qu’elles peuvent en sorte que le dernier secret du génie comme de la vertu serait encore de se rendre maître de soi. Si l’homme, d’après les philosophes, est un abrégé de l’univers, il ne se montre jamais si puissant que lorsqu’il maîtrise cet univers intérieur, ce tumulte orageux de sentiments et de pensées qu’il porte en lui. Dieu s’est réservé le pouvoir de créer : mais il a communiqué aux grands hommes ce second trait de sa toute-puissance, de mettre l’unité dans le nombre, et l’harmonie dans la confusion.