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VII

Nous voilà, ce semble, bien loin de Dante, et pourtant nous ne l’avons pas quitté. C’est sa pensée que nous avons suivie et remontée, pour ainsi dire, de siècle en siècle, jusqu’à ses premières origines. Nous avons traversé toute l’histoire sans jamais perdre de vue ce fleuve d’idées formé des légendes du moyen âge, purifié par le christianisme, chargé auparavant de toutes les fables de la poésie et de la théologie païenne, et sorti d’une source mystérieuse que l’homme n’a pas creusée. Nous ne pensons pas que Dante en paraisse moins grand. Il nous semble au contraire que le premier trait du génie, ce n’est pas d’être neuf, comme le veulent quelques-uns c’est bien plutôt d’être antique, de travailler sur quelques-uns de ces sujets qui ne cessèrent, jamais de toucher les hommes ; Il n’est pas vrai que l’art n’intéresse que par l’imprévu. Rien n’est plus prévu que les passions, les situations, les pensées, qui depuis vingt siècles remplissent le théâtre ce sont deux lieux communs usés par tous les poëtes, l’amour et la mort, qui restent encore en possession de remuer les cœurs et de tirer les larmes. Rien ne se répète comme l’éloquence Bossuet n’a pas un mouvement qu’il ne doive aux Pères de l’Église. Il y a six cents ans que la peinture produit des chefs-d’œuvre sans sortir