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l’urne est. immortelle, l’orateur veut prouver encore que, l’âme dût.-elle périr, la mort ne serait pas un mal. Vainement l’interlocuteur se contente de la première démonstration ; Cicéron insiste : « Il ne « faut point, dit-il, s’y trop confier. Nous chancelons, nous changeons de sentiments sur des points plus lumineux que celui-ci ; car j’y vois encore quelques ombres.  » Voilà donc tout ce qu’avaient pu quarante siècles d’antiquité, et les derniers efforts de l’esprit humain dans ces beaux génies de Platon, de Zénon, d’Aristote. Cependant le grand nombre des hommes ne se résignait pas à l’alternative du néant, et voulait un autre secours. Entre l’éternité et le temps, le monde invisible et le visible, il fallait une intervention divine il fallait un libérateur qui vînt arracher à la mort son secret et ses menaces, qui la subît pour satisfaire à la loi commune, et qui la vainquît enfin par une. expiation reversible sur l’humanité tout entière. C’est la fonction, que les peuples antiques attribuaient à leurs dieux tutélaires Wichnou, Osiris, Jupiter, Apollon, Hercule. Sous des formes altérées, j’entrevois la tradition du Rédempteur, la seule lumière qui ait éclairé le monde, entre ces ténèbres de la création d’où il sort, et ces ténèbres de la mort où il retourne.