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dans les profondeurs de la nature humaine, pour y enchaîner le vice et délivrer la vertu[1]. Je ne repousse aucune de ces interprétations. C’est une habitude du génie antique de rattacher à chaque point de la doctrine sacrée plusieurs parties des connaissances profanes. Mais je voudrais précisément trouver le point auquel se rattachait tout le reste. Dans les croyances religieuses, je voudrais voir plus que de la physique, de l’histoire, de la morale j’y cherche de la religion.

Tout l’effort de la religion, suivant l’énergie même du nom qu’elle porte, c’est de lier souverainement ce qui est souverainement désuni, ce qui est en deça de la mort avec ce qui est au delà. Au milieu de cet ordre admirable de l’univers, où tout conspire à la vie, on ne tarde pas à découvrir, en y regardant de plus près, une puissance de destruction. Le ciel a des étoiles qui s’éteignent. La terre, dans ses profondeurs, laisse voir les ruines d’une nature colossale qui a péri. L’homme, au faîte de la création, se voit circonvenu, serré de près, saisi par la mort, dont il a horreur comme d’un mal infini. Car, en même temps qu’elle l’arrache à ce monde visible où il tenait par tant d’endroits, elle le menace d’un monde invisible dont il

  1. Cicéron, de Natura Deorum, lib.II.–Chaeremon, Macrobe, Porphyre, cites par M. Guigniaut, Symbolique, I, 396, 870; II, 50. 65. Strabon, Geograph., 1. Pausanias, III, 25.–Ammien, Marcellin, XIX, 4. Sénèque, Epist., 88