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finit par une vision générale de la vie future. Je crois y voir un souvenir des représentations qu’on donnait aux initiés dans les mystères. Ceux de Samothrace, de Crète, de Phrygie, retraçaient le meurtre d’un Dieu et sa descente chez les morts[1]. Ceux d’Éleusis, placés sous le patronage de Proserpine, se terminaient par une vision ( ἑποπτεία ) dont le secret a été sévèrement gardé par les anciens. Mais les témoignages d’Aristophane, de Lucien, de Sénèque, prouvent qu’on y ménageait l’apparition de l’Élysée et du Tartare. Les cryptes immenses, encore visibles sous les ruines du temple, se prêtaient à l’artifice des prêtres. La poésie avait assurément son emploi dans ces spectacles[2]. Elle emprunta à la religion de si puissants moyens d’émouvoir les hommes, et ces trois pompes du culte, les évocations, les oracles des morts, et les mystères, se retrouvèrent dans les scènes infernales de l’Odyssée et de l’Énéide.

Je passe aux autres fictions les voyages d’Hercule, de Thésée, d’Orphée, de Pollux, chantés par les poëtes cycliques, m’étonnent par des caractères plus imposants. Ce sont plus que des héros, ce sont des

  1. Lobeck, Aglaophamus, 90, 117.–Magnin, Origines du théâtre, 78.
  2. Lucien, Cataplus. ΜΊΚ: Εἰπὲ μοι, ἐτελέσθης γὰρ τὰ Ἐλευσίνια , οὐχ ὃμόια τοῖς ἐκεῖ τὰ ἐνθάδε σοι δοκεῖ;- ΚΥΝ Εὖ λέγεις; Sainte-Croix, Recherches sur les Mystères. Magnin, Origines du théâtre, 88, 96. –Lobeck , quoique d’une opinion différente, convient cependant que les divinités du ciel et de l’enfer étaient données en spectacle aux initiés d’Eleusis.