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mières chez Homère, chez Virgile et ses imitateurs latins, j’y remarque invariablement trois choses. Il y a d’abord des rites funèbres et des libations de sang répandues, soit pour conjurer les puissances infernales, soit pour évoquer les âmes captives. J’y retrouve la croyance d’un commerce perpétuel entre les ancêtres et leur postérité, des sacrifices expiatoires des offrandes aux tombeaux ou au foyer de chaque maison, pour attirer les ombres qu’on supposait errantes sous la terre, épuisées de soif et de faim[1]. En second lieu, il y a une prophétie les mânes interrogés rendent des réponses ils déclarent le passé, le présent, l’avenir. Ces entretiens rappellent les oracles des morts (Ψυχομαντεία ) qu’on trouve en Grèce ou dans l’Asie Mineure, au bord de l’Achéron, chez les Thesprotes, dans l’antre de Trophonius, au cap Ténare, à Héraclée de Pont, a Cumes, aux mêmes lieux où la fable plaçait l’entrée du sombre empire[2]. Troisièmement, l’épisode

  1. Fréret, Observations sur les oracles des morts.–Kalbkart, Psychologia homerica .–Ptutarque, in Aristid. Pindare, Olympic, I, 308. Ovide, Fastes, libII. Ottfried Müller, Die Etrüsker. Cf. Lois de Manou, livre III, 82-285.
  2. Fréret, Observations sur les oracles des morts. –Herodot., Terpsichor., 92. Pausanias, t X, 50. Allatius, ad Dissertationem Eustathii, de Engastrimitho. Lobeck, Aglaophamus, p. 900. Magnin, Origines du théâtre . 71. Plutarque, De sera Numinis vindicta. Le même auteur, au traite du Démon de Socrate, décrit la vision de Timarchus dans l’antre de Trophonius. Timarchus y passa deux nuits et un jour. Au milieu des ténèbres qui l’environnaient, il aperçut un abime profond d’où s’élevaient des voix, des cris, des gémissements, et il y vit descendre d’innombrables étoiles tombantes qui étaient des âmes.