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temples qui leur servaient de remparts ; on vivait sous les yeux des morts et des immortels. En même temps, le dogme antique se conservait dans les initiations, et ne permettait pas d’oublier que c’est la vie qui est l’ombre, et que derrière seulement la réalité commence.


4. Au delà d’Homère il n’y a plus que l’Orient. Mais là, dans une société immobile, sans distractions puissantes, sans événements, sans histoire, rien n’efface le souvenir de l’Éternité. Si j’ouvre le livre des lois indiennes, j’y trouve la création au commencement, à la fin les peines et les récompenses futures : toute la cité des hommes enveloppée, surveillée par la cité des dieux et des ancêtres. Si je touche à l’une de ces épopées dont l’âge se perd dans les fables, je vois dans le Mahabharat le voyage d’Ardjuna au ciel d’Indra. Et pour arriver enfin jusqu’aux plus antiques monuments de la poésie orientale, je remarque un épisode de l’Atharva-Veda, qu’il faut lire, afin de se représenter au vif les inquiétudes qui tourmentaient déjà l’esprit humain. Le jeune brahme Tadjkda est envoyé par son père chez le roi de la mort, d’où jamais nul homme ne revint vivant. Le roi, touché de l’obéissance de Tadjkita, le renvoie après trois nuits, lui accordant la vie et trois présents à son choix. Le jeune homme en a demandé et reçu deux, et l’entretien continue en ces termes. Tadjkita dit : « Voici mon troisième