sacrer toutes les actions et purifier tous les plaisirs. D’ailleurs, jamais sujet ne fut plus digne d’être touché avec respect il s’agit de célébrer, en la personne d’Alexandre et de Frédéric Barberousse, la lutte du sacerdoce et de l’empire. Le poëte tient pour le pape, mais il n’a garde d’avilir le personnage de l’empereur. Il le relevé au contraire par une fiction hardie, qui explique l’erreur du héros en lui prêtant l’excuse de la fatalité. Barberousse a fait voeu de délivrer le tombeau du Christ mais avant de conduire les bataillons chrétiens en Palestine, sur une terre qui les dévore, il s’y est rendu seul, travesti en pèlerin, pour tromper la vigilance du soudan et connaître les forces des infidèles. Un cardinal que l’auteur ne nomme point, et qu’il crée pour en faire le mauvais génie du poëme, avertit le soudan par une lettre scellée du sceau papal. Frédéric est découvert et jeté dans les chaînes. Mais il se rachète au prix de son pesant d’or, s’embarque, et reparaît en Italie, jurant la perte du pontife, auquel il attribue injustement la ruine de ses desseins.
Aux approches de l’armée impériale, Alexandre quitte Borne toutes les portes se ferment devant l’auguste fugitif. Réduit à cacher sa dignité sous l’habit d’un pauvre prêtre, un bâton à la main, il arrive à Venise ; il y entre la nuit, et va s’asseoir sur les marches de l’église de Saint-Sauveur en attendant le jour. Aux premières lueurs de l’au-