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ardents à l’endroit des Albigeois ou des Averrhoïstes, s’épuisent à restituer le texte et le sens d’Aristote. Le mauvais renom de Porphyre et de ses attaques contre l’Évangile ne nuit en rien à l’autorité de ses commentaires, demeures classiques dans toutes les écoles[1]. Ces moines, nourris dans l’étude de l’Écriture sainte et des Pères, qui passaient six heures au chœur, selon la règle de Saint-Benoît, rentrés dans leurs cellules y pâlissaient avec amour, avec respect, sur les précieux manuscrits des poëtes, des historiens, des orateurs. Didier, abbé du Mont-Cassin, l’ami de Grégoire VII son auxiliaire et son successeur, faisait copier le de Natura Deorum de Cicéron, les livres sauvés de Tacite, et les Métamorphoses d’Ovide[2]. La bibliothèque de Bobbio n’était pas moins riche. Celle de la Novalèse comptait plus de six mille six cents volumes[3]. Un religieux allemand du onzième siècle s’effraye de cette passion des lettres qui trouble le recueillement des monastères ; il écrit contre l’abus des poëtes païens (De Libris gentilium vitandis) ; il se

  1. L’ Introduction de Porphyre aux Catégories d’Aristote, traduite en latin par Boëce, a fait la base de tout l’enseignement philosophique au moyen âge. Voyez l’Introduction de M. Cousin à son édition des Œuvres d’Abailard.
  2. Tosti, Storia della Badia di monte Cassino, anno 1071. Petrus diaconus, de Viris illustribus monasterii Cassinensis.
  3. Tiraboschi, Chronicon Novalicense, apud ~Muratori Script. Je trouve dans un catalogue de Bobbio, au dixième siècle, Pline, Virgile, Lucain, Juvénal, Martial, Perse, Horace, Claudien, Lucrèce, Térence, plusieurs écrits de Cicéron, de Sénèque et de Démosthènes.