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que Dante verra dans toute la gloire de l’éternité, devant laquelle il confessera ses erreurs, qui l’accusera aussi pour l’humilier, mais avec un sourire immortel pour l’absoudre.

Un pas de plus, et le poëte touchait au voile du sanctuaire. En le soulevant, il trouvait les visions de saint Jean et de saint Paul. Le premier, ~sur le rocher de Pathmos, avait assisté à l’ouverture du puits de l’abîme, et aux fêtes de la Jérusalem nouvelle. Le second, ravi aux deux, contempla ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que le cœur de l’homme n’a jamais compris.-Et comme enfin tous les prodiges du Christianisme se retrouvent dans la personne divine du Sauveur, Lui aussi descendit aux enfers, non pas en extase, mais en vérité ; non pour considérer le triomphe de la mort, mais pour lui arracher son aiguillon.

Ainsi, en partant des poëmes du treizième siècle, on remontait, par une suite de récits, jusqu’au dogme évangélique. Assurément il fallait distinguer les temps : il fallait reconnaître la légende poétique, devenue un genre littéraire, livrée à la liberté des conteurs, toute pénétrée des souvenirs profanes, comme le Purgatoire de saint Patrice, et les autres que l’Église ne recevait pas dans ses livres liturgiques. Celles-ci avaient du moins le mérite d’exercer l’imagination des hommes, et de ne pas laisser perdre la tradition du beau. Il fallait