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tianisme se réfugiaient dans ces pieuses légendes pour traverser les temps barbares. Rien n’égale la popularité dont elles jouirent on les voit traduites en langue grecque, arabe, anglo-saxonne. Les livres de saint Grégoire, avec ceux de saint Augustin, faisaient le fond de la théologie du moyen âge Dante les cite et les discute[1] . Comment n’eût-il pas marqué la page où sa pensée trouvait l’autorité d’un grand pape et l’exemple d’un grand docteur ? Le génie, si sûr qu’il soit de lui-même, n’est pas indifférent à ces sortes de rencontres il sait ce que l’Ecriture enseigne « Qu’il n’est pas bon à l’homme d’être seul. »

Au milieu du cycle immense qu’on vient de parcourir, la légende italienne se détache par des caractères intéressants. Les sombres peintures n’y manquent point quelles fortes images que le ver d’Albéric, l’échelle de Grégoire VII, la forge de Ricordano Malespini ; On reconnaît le pays d’Ugolin et des Vêpres siciliennes, et dont l’histoire passera dans son Enfer. Il y a la autant de terreur que partout ailleurs, mais il y a bien plus d’amour. L’apparition du Paradis y prend plus de place et d’éclat il semble que dans ce beau pays, avec ses horizons lumineux, on ait vu le ciel de plus près. Rien n’est charmant comme l’ange et la viole de la vision de saint François, comme la procession contemplée

  1. Paradiso, XXVIII, 44.