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Mais l’ordre de Saint-Benoît, un peu déchu au treizième siècle de sa première ferveur, soutenait à peine la rivalité des moines réformés de Cîteaux. La vision d’Albéric pâlissait devant les extases de l’abbé Joachim, mort en 1202 au fond d’un couvent de Calabre, où son tombeau attira longtemps les pèlerins des montagnes voisines[1] .Dante lui donne place au douzième chant du Paradis, parmi les saints Docteurs[2] il avait lu ses écrits mystiques, le Psaltérion aux dix cordes, les Commentaires sur Jérémie , qui firent l’admiration des contemporains[3]

Il y avait trouvé ces prédictions dont toute la chrétienté s’occupa, et dont plusieurs sectes se prévalurent « que les empereurs avaient dépouillé leur pourpre pour la mettre sur les épaules du Christ en la personne du pape, mais que le temps était venu où le pape devait se délivrer de leurs mains en y laissant le manteau[4].

    beato Petro ductus est in cœlum, » etc. (Albéric, § 33. Dante, Paradiso, XXVII.) Si Foscolo y eût pris garde, il n’aurait pas argumenté de ce passage du Paradis pour établir les intentions protestantes du poëte ou bien, il y aurait associé l’humble moine du mont Cassin, qui, certes, n’eut jamais de pareilles tentations.

  1. Vita apud Bolland., 29 maii.
  2. Dante, Paradiso, II, x, 47

    II Calavrese abate Giovacchino

    Di spirito profetico dotato

    .
  3. Joachim abbatis Opéra.
  4. Joachim in Jeremia. a Quod imperatores olim pro Christo paupere suaé dignitatis tunicam exuentes, induerunt eum quasi novum hominem . in Sylvestro. Nunc necesse est ut summus pontifex ex eorum manibus spoliatus effugiat. » Dante, dans la belle vision qui termine le Purgatoire, semble s’être souvenu de cette pa--