Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il n’y avait pas jusqu’à l’ordre de saint Benoît qui n’ajoutât encore de loin en loin quelque rayon à sa vieille auréole. Quand le poëte allait trouver les Bénédictins de Florence dans cette belle abbaye dont la flèche domine encore les édifices du voisinage, en parcourant leur riche bibliothèque, il avait dû mettre la main sur la célèbre Vision d’Albéric, écrite sous sa dictée au mont Cassin, vers le commencement du douzième siècle, et bientôt si populaire, qu’on la trouve reproduite dans une fresque d’une antique église près de Fossa, diocèse d’Aquila, du royaume de Naples[1]. Le jeune Albéric, atteint d’une grave maladie, est demeuré neuf jours dans l’immobilité de la mort. Cependant, sous la conduite de saint Pierre et dans la compagnie de deux anges, il à visité la région des châtiments il a vu les luxurieux errant dans une vallée de glace, les femmes criminelles traînées à travers une épaisse forêt d’arbres épineux, les homicides ensevelis sous des flots de bronze ardent, les sacriléges dans un lac de feu, les simoniaques dans un puits sans fond. L’abîme recelait dans ses dernières profondeurs un ver d’une longueur infinie, dont l’haleine dévorante aspirait et rejetait comme autant d’étincelles des essaims de dam-

  1. Elle fut publiée pour. la première fois par l’abbé Cancellieri, Rome, 1814. Voyez aussi, dans l’édition des Œuvres de Dante, Firenze. 1830, les Dissertations de Boltari, du P. de Costanzo, et les lettres de Cancellieri, Gherardo de Rossi, et de Romanis.