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sion lui dirent qu’ils étaient tous frères mineurs que les deux plus éclatants que les autres étaient saint François et saint Antoine, et le dernier de tous, un saint frère mort depuis peu de temps Dieu leur donnait ces riches vêtements pour les pauvres tuniques qu’ils avaient portées sur la terre en signe de pauvreté, d’humilité et de patience. En ce moment, le jeune homme revint à lui-même, et il se trouva que la tentation avait disparu[1]. Mais de toute la couronne franciscaine, la plus belle fleur à mon gré est la légende des trois larrons qui vinrent demander l’aumône au couvent de Monte-Casale. Et, le gardien leur ayant fermé la porte, saint François le reprit sévèrement, et lui commanda par la sainte obéissance ,d’aller après eux jusqu’à ce qu’il les eût rejoints, de s’agenouiller alors en leur demandant pardon de sa dureté, de leur offrir du pain et du vin, et de les prier qu’ils cessassent de mal faire, mais qu’ils craignissent Dieu et ne l’offensassent plus. Le gardien obéit, et fit de point en point ce qui lui était ordonné. De quoi les larrons, touchés jusqu’au fond de l’âme, se prirent à considérer leur vie pécheresse, à la détester enfin, et vinrent demander à saint François le pardon et la pénitence. Il les reçut tous trois dans l’ordre les deux premiers, bientôt après leur

  1. Fioretti, cap. xx. D’una molto bella visione, che vide un frate Giovane, il quale avea in tanta abbominaziono la cappa, che era disposto di lasciare l’abito e uscire dell’ ordine.