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sante des Espagnols ne pouvait se contenir dans les étroites limites d’un territoire qu’il fallait disputer pied à pied. Il semble qu’elle fût déjà en travail de la découverte d’un nouveau, monde, lorsqu’on trouve, dans la légende populaire du bienheureux saint Amaro, les voyages du serviteur de Dieu à la recherche du Paradis terrestre. Christophe Colomb restera persuadé qu’en passant sous la ligne équinoxiale il parviendrait en un lieu élevé avec une autre température, d’autres eaux et d’autres étoiles ; et que là est l’Éden, où nul ne peut arriver que par la volonté divine[1]. Mais avant la conquête musulmane, lorsque le silence et la paix régnaient encore sous les portiques des cloîtres de Tolède, on y voit les mêmes apparitions qui occupent le reste de la chrétienté. On lit dans la correspondance de saint Valère trois lettres, où sont racontés les songes de trois moines qui, transportés dans le séjour des âmes, contemplèrent les tourments des damnés et les joies des élus[2] . Pourquoi un rêve pareil n’alla-t-il pas troubler les débauches des derniers rois visigoths avant qu’il fallût le glaive des Arabes pour les balayer ?



    Y esta merced te ha otorgado...
    De rodillas se ha postrado
    Para besarle los pies
    Al buén apostol sagrado,
    Dixò S. Pedro : Rodrigo
    Aqueso ya es escusado.

  1. Ferdinand Denis, le Monde enchanté, p. 130, 283.
  2. Fauriel, Cours inédit de littérature étrangère, 1838.