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porte, et l’empereur est absous[1]. Il n’y a pas jusqu’aux derniers des hommes qui n’aient leurs visions : Alcuin raconte celle de son serviteur Sénèque. L’Église ne méprise pas les avertissements des petits[2]. Si nous passons aux temps mérovingiens, nous y trouvons la légende de Dagobert, poussé par les diables sur la barque fatale, d’où viennent l’arracher saint Maurice et saint Martin, qui l’introduisent dans l’assemblée des élus[3]. Mais tous les descendants de Clovis ne trouvaient pas le même appui. Après le meurtre de Chilpéric, en 584, Gontran, son frère, déclara qu’il l’avait vu en songe, chargé de chaînes, condamné au feu pour ses crimes, mis en pièces, et jeté par lambeaux dans un vase d’airain suspendu sur les flammes éternelles[4].

Ces effrayants spectacles finissent par une scène pleine de calme et de sérénité ; je veux dire la vision de saint Salvus, évêque d’Alby, ami de Grégoire de Tours. Au temps où Salvus servait Dieu dans l’ordre de Saint-Benoît, il fut pris d’un mal

  1. Lenglet-Dufresnoy, Dissertation sur les apparitions, t. I. Labitte, la Divine Comédie avant Dante. n° IV. Une lettre écrite par plusieurs évêques à Louis le Germanique (858) rapporte la vision de saint Euchère d’Orléans, qui vit Charles Martel tourmenté en enfer, pour avoir violé les biens de l’Église. (Baluze, t. II, p. 109.)
  2. Ampère, Hist. littéraire, t. III, p. 120. Alcuin, Epist. 5.
  3. Lenglet-Dufresnoy, Dissertation sur les apparitions, t. I. Labitte, la Divine Comédie avant Dante.
  4. Labitte, la Divine Comédie avant Dante, IV. Gregor. Turon., Hist. Franc., VIII, 5